Andrea Fortunato nous raconte son voyage à Pond Inlet, un « quartier » unique dans l’extrême Nord du Canada :
Retour en images sur le vernissage de l’exposition « Quartiers du monde » présentée par la Maison de l’Image de Grenoble, pour le Mois de la Photo 2017
Comment définir ce territoire inuit et ses habitants ? De quelles manières vivent-ils dans cet environnement hostile ? Explications par le photographe Andrea Fortunato :
Ces images représentent des moments de vie des habitants de Pond Inlet, hameau Canadien du territoire de Nunavut (« Notre Terre » en Inuktitut), dans l’extrême Nord de la Terre de Baffin.
Elles ont été prises en diapositive en mai 2003 et numérisées ensuite.
Il n’y a pas de caractère urbain à Pond Inlet tant la présence de la Nature est forte : ses « quartiers », les lieux où les habitants se retrouvent ensemble, sont le centre socioculturel polyvalent, une supérette et l’église. La vie « citadine » n’a jamais fait partie de la culture Inuit, ce pour des raisons pratiques évidentes : une concentration importante de personnes engendre des contraintes et des besoins alimentaires plus grands qu’au sein de petites communautés dans un environnement où la nourriture peut se faire rare.
Plus justement, Pond Inlet peut être défini dans sa globalité comme un véritable « quartier de notre monde ».
L’Espace et le Temps Inuit
Avant la sédentarisation et l’emménagement des Inuits dans des maisons “modernes”, la relation à autrui s’est construite dans cet équilibre entre l’univers rétréci de l’igloo pendant l’hiver ou de la tente pendant l’été, et celui, “sur-étendu” de l’extérieur.
Pourquoi donc se rendre dans de tels lieux ?
Le Nord a toujours exercé une grande fascination auprès des hommes : chanté par les poètes et loué par les Grecs, le Nord est au centre des grands mythes. Apollon, dieu du Nord, est la divinité la plus mystérieuse, toujours jeune et d’une beauté exceptionnelle.
La nature joue un rôle très important dans cette représentation symbolique, dans la mesure où le Nord est un univers primordial, un monde virginal.
Nous, les Occidentaux des espaces tempérés, ressentons le besoin de posséder ce supplément d’énergie vitale qui semble être l’apanage des espaces de haute latitude.
Il est vrai qu’en interrogeant la mémoire après un voyage dans l’Arctique, on retrouve cette sensation intense et incomparable d’extrême liberté ou l’espace est souverain, un sentiment d’allégresse et d’euphorie de vivre cette intense et parfois périlleuse solitude.
Dans l’enfer blanc des glaces et sous la pression des éléments, l’individu ne peut plus jouer un rôle sans risquer sa propre vie.
Dépouillant l’homme de son costume de civilisé, l’Arctique oblige à être: Etre entier, être grand, même pour une courte durée.
Dans le climat arctique “on ne peut pas tricher, on se retrouve à nu, contraint de puiser au plus profond de soi pour continuer à exister”.
La mémoire, et son support comme ces images, permet aussi de revoir toutes le nuances impressionnistes du ciel arctique et les formes éclatantes et somptueuses des icebergs rencontrés dans ces régions.